Les 23 et 24 mai 2019 s’est tenu à Rouen le colloque international « Compositeur{s} au Moyen Âge », au cours duquel conférenciers et participants se sont interrogés sur la nature de l’activité de composition musicale, tout en essayant de se détacher de la figure du « Compositeur », forgée au xixe siècle en tant que statut artistique, social, économique, symbolique, etc.

Un des points soulevés a été la distinction entre ce que les gens sont et ce que les gens font. Par exemple, Philippe de Vitry et Guillaume de Machaut sont mentionnés par leurs contemporains plus comme poètes que comme compositeurs. On pense également aux personnes désignées comme chantres qui, dans les faits, produisaient de la polyphonie. La discussion a aussi porté sur la variété des termes rencontrés dans les sources : facere, componere, invenire, dispositio, progressio etc. Pour la plupart traduisibles littéralement, quelles nuances ces termes véhiculaient-ils en réalité ?

Les questions d’édition de traitement informatique de la musique ont aussi été évoquées. Ainsi, Christopher Callahan a-t-il indiqué travailler, sur un répertoire monodique, avec une base de données et les outils Humdrum et Verovio.

Dans sa communication, Anna Zayaruznaya, a proposé une nouvelle chronologie des pièces attribuées à Philippe de Vitry, d’une part en s’appuyant sur l’emploi de rythmes caractéristiques de l’Ars antiqua ou, au contraire, de rythmes innovants, d’autre part en se basant sur de nouvelles hypothèses quant aux dédicataires de certains motets. Cette chronologie reporte entre autres la rédaction d’Ars vetus et nova aux années 1330. Un livre est en préparation.